3ème : Intervention de Laurent GAY – « La vie est un don, prenez-en soin. La drogue conduit à la mort »

Enfant d’une cité à Aubervilliers, tourmenté très jeune par ses camarades de classe, qualifié « d’enfant introverti, voire perturbé », il grandit « en solitude » au sein d’une famille qu’il arrive, avec le recul, à qualifier de « formidable » ! Et pourtant, entre un père travailleur, mais « peut-être trop », une mère attachée à « ses croyances » et un frère, son aîné de 6 ans parti bien trop vite de la maison, il y a si peu d’espace pour se parler, trop peu !

 

De surcroît, il apprendra plus tard qu’entre son frère et lui, ses parents ont perdu un autre enfant, ce qui le fait longtemps se sentir « né avec un poids de mort ! ». Comment dès lors trouver sa place entre un père, certainement aimant, « athée pratiquant coco », mais surtout obnubilé par l’écran de son téléviseur, et une mère qui « n’avait pas les codes pour élever ses enfants ? »

En quête de regards bienveillants et d’estime de soi, il s’invente alors un monde imaginaire peuplé de copains et aussi « d’un dieu » à qui il adresse sa « prière des non-croyants », rythmée de vœux tels « changer de corps » ou « remplacer ma tête par un écran télé – dans le seul espoir d’accrocher un regard de son père ».

Encore plus seul après le départ de son frère, convaincu que « personne ne l’aime », il allume son « premier pétard » à 11 ans ! « Commencer à fumer et à faire quelques mauvais coups, ça attire le regard des copains, on se sent aimé, on se sent plus fort ! ».

 

Une longue descente aux enfers 

L’herbe d’abord, qui lui confère le sentiment d’appartenir (enfin !) à un groupe, puis l’héroïne, à 14 ans et dont il pense qu’elle va faire de lui un caïd !…. C’est le début d’une longue descente aux enfers qui va l’emporter, durant quinze longues années dans un engrenage infernal conjuguant mensonges, violence, déchéance, racket, vol, trafics… jusqu’à la prison : 13 mois ferme à 17 ans, pour une affaire de cambriolage.

Pour y échapper, il tente de devancer l’appel, mais l’armée « n’étant pas un ramassis d’ordures pour délinquants dans son genre », ne veut pas de lui. Une vie chaotique s’ensuit, alternant hospitalisations, rechutes, dérives violentes le conduisant à passer de « petit trafiquant » à « véritable dealer »… jusqu’à l’overdose qui le laisse 12 heures dans le coma…

Une éclaircie pourtant dans ces ténèbres : la rencontre avec Florence qui lui révèle pour la première fois de son existence qu’il est en capacité d’aimer… un bonheur de courte durée, où le couple paye cruellement les conséquences de sa toxicomanie : à 4 mois de grossesse, ils doivent renoncer à leur bébé.

Les malheurs s’enchaînent : alors que Laurent est incarcéré, impliqué dans une rixe avec homicide (il bénéficiera par la suite d’un non-lieu), Florence, atteinte du Sida en meurt. Lui-même est diagnostiqué en prison comme porteur du Sida. Tout espoir anéanti, une seule chose le taraude : « Comment en finir ? ». La mort l’a déjà frôlé tant de fois, il suffirait « d’un coup de pouce »… 

Alors qu’il est proche du suicide, il vit une profonde expérience spirituelle qui le conduit, lui, totalement athée, vers une incroyable conversion : « frappé par l’amour de Dieu », accueilli par la suite au sein de la communauté des Béatitudes à Cordes-sur-Ciel (en conférence, le jeu de mots « ciel » le fait sourire), Laurent Gay a réussi à sortir de la spirale infernale des toxicos.

La drogue conduit à la mort 

Aujourd’hui, marié et père de famille, il consacre la plupart de son temps à sillonner la France entière ainsi que l’étranger pour témoigner dans des collèges, lycées, groupes de prières, rassemblements, prisons…

Avec des mots justes, parfois crus, – mais il s’en excuse toujours par avance -, il fait prendre conscience de la véritable solitude de celui qui est addict, et des dangers irréversibles qui le guettent : « La vie est un don, prenez-en soin. La drogue conduit à la mort -la mort immédiate ou la mort à petit feu- ou bien tu vis, mais comme un mort-vivant ». Mais ceux qu’il souhaite faire entendre et retenir, s’appellent « joie et beauté de vivre, connaissance et estime de soi, regard de l’autre, respect de son corps et de celui d’autrui, écoute et partage ».

« Être exceptionnel ? ou miraculé ? » en toute humilité, Laurent Gay répond que « non, il ne se sent pas exceptionnel… selon lui, tout être humain est exceptionnel ». En revanche, « oui », il se considère véritablement « miraculé », et que l’on soit chrétien ou non, son message porteur d’amour, de joie et de paix ne laisse personne indifférent. 

« Je suis toujours le même homme, mais rien n’est plus pareil ».

Merci à Laurent pour son témoignage de VIE